Fr: Eider à lunettes
    Ang: Spectacled Eider 
    All: Plüschkopfente
    Esp: Éider de anteojos
    Ita: Edredone dagli occhiali
    Nd: Brileider
    Sd:  Glasögonejder
Photographe:
Otto  Plantema 
  Trips around the world 
Simon  Tan 
    PBase  Bird galleries 
Texte de Nicole Bouglouan
Sources:
HANDBOOK OF THE BIRDS OF THE WORLD vol 1 by Josep del Hoyo-Andrew Elliot-Jordi Sargatal - Lynx Edicions - ISBN: 8487334105
THE HANDBOOK OF BIRD IDENTIFICATION FOR EUROPE AND THE WESTERN PALEARCTIC by Mark Beaman, Steve Madge - C. Helm - ISBN: 0713639601
GUIDE DES CANARDS, DES OIES ET DES CYGNES – de Steve Madge - Delachaux et Niestlé - ISBN: 2603013769
Animal Diversity Web (University of Michigan Museum of Zoology)
Defenders of Wildlife – Spectacled Eider
SeaWeb – Ocean Issue briefs – Spectacled Eider
Alaska Department of Fish and Game
Les eiders ... des canards vraiment étranges
Eider à lunettes
      Somateria fischeri
Ordre des Ansériformes – Famille des Anatidés
INTRODUCTION :
    L’Eider à lunettes fait partie de la sous-famille des  Anatinae et du groupe Mergini, dans la grande famille des Anatidés. 
    Cependant, les eiders sont quelquefois classés dans leur  propre groupe Somateriini. 
    Les trois eiders du genre Somateria, l’Eider à duvet, l’Eider à tête grise et l’Eider à lunettes sont des espèces très  proches. Mais le quatrième, l’Eider de  Steller du genre Polysticta, est différent et plus spécial. Il représente  certainement le lien entre les eiders et les autres canards marins. 
    L’Eider à lunettes se trouve dans la Mer de Béring où il  est habituellement observé en petits groupes. Il fréquente des habitats isolés  éloignés des hommes. Il est peu commun et mal connu, et son apparence presque  fantomatique enveloppe cet oiseau de mystère. 
DESCRIPTION DE  L’OISEAU :
      Quelques  mesures :
    Longueur : 50-58 cm
    Poids : M : 1275-1750 gr – F : 1125-1850  gr
Le mâle adulte est surprenant avec sa face unique. En plumage nuptial, le menton, la gorge, le cou et le dos sont blancs, tandis que la poitrine, le croupion, la queue et l’abdomen sont noir charbonneux. Le dessous des ailes est plutôt gris foncé avec les couvertures internes et les axillaires blanchâtres.
Sur la tête, la calotte et la nuque sont verdâtre pâle,  avec des plumes hirsutes sur la nuque. Le long front en pente s’étend vers le  bas jusqu’aux narines où il se termine par une bande blanche. Les yeux sont entourés  de larges « lunettes » blanches finement bordées de noir. Ces dessins  ont donné son nom à l’espèce. 
    Le bec est jaune orangé avec un onglet clair. L’iris est  blanc, cerclé de bleu. Les pattes et les doigts palmés sont jaune pâle. 

La femelle en plumage nuptial est brun terne barré de  brun foncé. La tête et le cou sont brun plus clair strié de noir. Le bas de la  poitrine jusqu’à l’abdomen est brun foncé avec peu ou pas de barres. 
    Les dessins de la tête sont visibles mais beaucoup plus  ternes que chez le mâle. Le bec est bleu grisâtre foncé avec l’onglet clair. Les  yeux sont brun foncé. Les pattes et les doigts sont brun-olive terne.   
Le mâle juvénile a les « lunettes » légèrement  développées et ressemble à la femelle. Il peut paraître plus foncé sur le  dessus et légèrement barré de sombre en dessous. Les scapulaires présentent des  barres parallèles. 
    Les femelles juvénile et immature ressemblent à l’adulte  jusqu’à l’âge de deux ans. Mais les dessins du plumage sont indistincts avec  des taches d’un brun plus clair et des barres moins distinctes sur le corps.  Les dessins de la tête sont peu apparents et le bec est plus foncé. 
Le mâle en éclipse ressemble aux autres eiders. Il n’a pas de blanc sur la poitrine. La tête, le cou et le dos sont plutôt grisâtres, mais il garde le blanc sur les couvertures alaires. Il est plus terne et parait grisâtre sombre dans l’ensemble.
DISTRIBUTION  GEOGRAPHIQUE : 
    L’Eider à lunettes se reproduit le long des côtes nord de  la Sibérie depuis le delta du fleuve Léna vers l’est jusqu’au nord et l’ouest  de l’Alaska. La majorité des populations hiverne dans la Mer de Béring au  milieu des glaces, dans les polynies. Cependant, ils ont également été observés  dans les Iles Aléoutiennes, la Péninsule Kenai et Kodiak Island. 

HABITAT : 
    L’Eider à lunettes nidifie le long du littoral, sur les  péninsules et les petites iles et en général près de l’eau, bien qu’en Sibérie,  ils nidifient aussi à plus de 100 kilomètres à l’intérieur des terres. Ils sont  aussi observés sur les petits lacs et les mares, et sur les cours d’eau de la  toundra arctique et subarctique. 
    Leurs aires de reproduction en Sibérie et en Alaska  comprennent des marais salants et des étangs d’eau douce avec des petites iles,  des prairies humides, des crêtes peu élevées et des monticules de terre  couverts de glace.
    Après la reproduction, ils se rassemblent sur des eaux  peu profondes le long des côtes de l’Alaska et de la Sibérie pour muer pendant  un à deux mois. Ils sont alors incapables de voler et très vulnérables aux  prédateurs. Ils gagnent leurs aires d’hivernage au sud de l’Ile Saint-Laurent.  Ils sont marins pendant l’hiver et vont bien au large de la banquise. 
CRIS ET CHANTS : SONS PAR XENO-CANTO 
    L’Eider à lunettes mâle est en général plutôt silencieux,  mais pendant la reproduction, la femelle émet un coassement répété et guttural  en guise d’alarme si elle est dérangée, et un gloussement répété lorsqu’elle est  avec les canetons « buckBUCK-buckBUCK-buckBUCK ». Le mâle émet des  roucoulements faibles pendant les parades nuptiales. 
COMPORTEMENTS  DANS LA VIE SAUVAGE :  
    L’Eider à lunettes se nourrit surtout de mollusques,  coquillages et gastéropodes pendant la saison de reproduction et lorsqu’il est  en mer. 
    Pendant l’été dans la toundra, il se nourrit d’insectes  aquatiques et de quelques crustacés avec en plus des matières végétales comme  les laîches, les herbes et des baies. 
    Dans la toundra, il cherche sa nourriture en barbotant  dans des eaux peu profondes ou en marchant sur le sol. En mer, il plonge et  nage sous l’eau. 
Les couples se forment en hiver, avant de retourner aux  aires de reproduction. Le mâle effectue les parades nuptiales typiques des Anatidés. Il se cabre sur l’eau, bat  des ailes, hoche la tête, étire son cou vers le haut et secoue la tête en  arrière en mouvement rapides. 
    Il quitte les aires de reproduction après la ponte et la  femelle assume seule toutes les tâches liées à la nidification. 
L’Eider à lunettes hiverne dans le centre nord de la Mer  de Béring. L’étendue de cette zone varie en fonction de la banquise et des  polynies.
    Le vol est plus rapide et plus agile que celui des grands  eiders. 
REPRODUCTION DE  L’ESPECE :  
    L’Eider à lunettes revient sur ses aires de reproduction  en mai-juin. Ils nidifient en couples isolés ou en groupes lâches, avec les  nids espacés de 5 à 600 mètres. Le site du nid se trouve habituellement sur le  littoral, les péninsules et les petites iles, ainsi que près des petits étangs.
    La femelle construit le nid. C’est une dépression en  forme de bol, faite d’une couche de laîches et d’herbes, et tapissée de duvet. 
PROTECTION /  MENACES / STATUTS :   
    L’Eider à lunettes est menacé par le matériel de pêche  pendant la période de la mue. L’ingestion de grenaille de plomb accumulée dans  les sédiments des étangs sur les aires de reproduction est un gros problème. La  prédation des œufs et des poussins par les renards et les grands Laridés entraine des échecs de  reproduction. Le réchauffement climatique est un problème sur les aires  d’hivernage car il altère l’écosystème de cette zone. La glace est remplacée  par de l’eau et les températures plus chaudes réduisent la disponibilité des  proies. De la même manière, la hausse des températures entraine l’assèchement  des zones humides sur les aires de reproduction. 
    La population globale est estimée à 330 000/390 000  individus (2006), mais des déclins importants sont observés en Alaska.  Cependant, en dépit des soupçons concernant ces déclins, l’Eider à lunettes est  actuellement considéré comme non menacé. 
Elle dépose 4-5 œufs blanc-crème avec des taches chamoisées clairsemées. Le mâle quitte la femelle au début de l’incubation qui dure 23-24 jours. A la naissance, les canetons sont capables de marcher, de nager et de se nourrir en moins de deux jours. Ils ont du duvet brun dessus et plus clair en dessous. Les « lunettes » sont déjà visibles. Leur bec est brun grisâtre. Deux mois plus tard, ils ont bien grandi et sont prêts à migrer vers les aires d’hivernage.
Les échecs de la reproduction sont souvent dus aux goélands et aux labbes, mais aussi aux mammifères comme le Vison d'Amérique (Mustela vison), les renards roux (Vulpes vulpes) et les renards arctiques (Vulpes lagopus).
