English version

Accueil

Présentation

Fiches

Dossiers

Voyages
 
Galeries

Poésie

Liens

Nouveautés

Contact

Mentions légales

Photographes :

Marc Chrétien
MURINUS

Maxime Dechelle
LEPAPARRAZO

Tom Merigan
Tom Merigan’s Photo Galleries

Illustrations :
John Gerrard Keulemans (1842-1912)

John Gould : 1804-1881

Henrik Grönvold : 1858-1940

Texte de Nicole Bouglouan

Sources :   

HANDBOOK OF THE BIRDS OF THE WORLD Vol 2 by Josep del Hoyo-Andrew Elliot-Jordi Sargatal - Lynx Edicions - ISBN: 8487334156

A GUIDE TO THE BIRDS OF MEXICO AND NORTHERN CENTRAL AMERICA by  Steve N. G. Howell, Sophie Webb - Oxford University Press - ISBN: 0198540124

A GUIDE TO THE BIRDS OF COLOMBIA by Steven L. Hilty and William L. Brown - Princeton University Press – ISBN 069108372X

PORTRAITS D’OISEAUX GUYANAIS - Groupe d'étude et de protection des oiseaux en Guyane (GEPOG) - Ibis rouge éditions - ISBN: 2844501842 

A photographic guide to Birds of the Philippines by Tim Fisher and Nigel Hicks. New Holland Publishers. ISBN: 9781847738301

The Peregrine Fund – World Centre for Birds of Prey

SAN DIEGO ZOO - Birds

ARKive (Christopher Parsons)

Wikipedia (Wikipedia, The Free Encyclopedia)

BirdLife International (BirdLife International)

 

Accueil

Page Accipitridés

Page Rapaces

Sommaire dossiers

 

Les grands aigles

Genres Harpia, Morphnus, Pithecophaga et Harpyopsis

 

Quatre grands aigles forment le 9ème groupe de la Famille des Accipitridés, et figurent parmi les plus grands rapaces du monde.
Ils partagent un critère particulier en présentant des tarses complètement dépourvus de plumes. 

Les genres Harpia (Harpie féroce) et Morphnus (Harpie huppée) vivent dans les forêts tropicales humides des Amériques.
Le genre Pithecophaga (Aigle des singes) se trouve dans le même type d’habitat aux Philippines.
Le genre Harpyopsis (Aigle de Nouvelle-Guinée) fréquente les forêts de Nouvelle-Guinée.

Ces grands oiseaux pourraient être des vestiges d’anciennes lignées.

Ces quatre rapaces sont difficiles à trouver et à observer. Ils vivent dans les forêts humides et denses, souvent dans des zones complètement sauvages. Cependant, ils viennent le long des clairières et des lisières pour chasser. Ils attendent le passage d’une proie, posés sur une haute branche où ils peuvent rester de longs moments.
Trouver l’un d’eux est un magnifique cadeau. Ces espèces sont rares, menacées, vulnérables ou en danger d’extinction à cause de la chasse et de la déforestation.  

Les grands oiseaux, et plus particulièrement les rapaces, font toujours impression sur les humains qui les aiment ou les haïssent. Malheureusement, ils sont parfois éliminés pour rien, souvent accusés à tort de causer des dommages au bétail et autres élevages.

Nous allons étudier chaque espèce, mais elles ont des habitudes et des comportements assez similaires.   

La Harpie féroce (Harpia harpyja) est un rapace massif avec une longueur de 90-105 cm, une envergure de 200 cm et un poids de presque 5 kg pour le mâle, et 8-9 kg pour la femelle.
Les parties supérieures sont gris foncé alors que le dessous est blanc et présente une bande pectorale noirâtre qui sépare la tête gris clair du corps. La culotte est finement barrée de noir. La longue queue est barrée de noir et blanc. Les ailes sont arrondies et assez courtes. 
Sur la tête, la crête gris foncé se divise lorsque les plumes se dressent. Le bec et la cire sont grisâtres. Les yeux sont gris. Les pattes puissantes et les doigts sont jaunes, armés de griffes robustes et noires.

La Harpie féroce fréquente les forêts tropicales en général en dessous de 800 mètres d’altitude, rarement plus haut. Elle chasse dans les zones de forêts, souvent dans des espaces où se côtoient les bois et les pâturages. Elle se pose sur un perchoir dans la canopée autour des clairières et des lisières, ainsi que près des fleuves ou des rives argileuses où viennent les perroquets. L’attaque est rapide. La proie est capturée avec les longues griffes et peut être transportée jusqu’à un arbre mort si elle est trop grande.  
Ce grand aigle est capable de chasser et de voler dans la forêt grâce à ses ailes courtes et rondes. 

Les proies comprennent des grands vertébrés comme les singes, les paresseux et les porcs-épics, ainsi que des porcs domestiques et des jeunes ongulés. Elle chasse aussi les oiseaux tels que perroquets, aras, hoccos et plusieurs autres espèces.  

Pendant la saison de reproduction, la Harpie féroce devient très agressive sur le site du nid, et attaque les intrus, même les humains.

Cette espèce monogame nidifie dans de grands arbres où elle construit un énorme nid avec de longs rameaux de bois.

Pendant la saison des pluies, la femelle dépose deux œufs, mais un seul poussin survit. L’incubation par la femelle dure environ 56 jours. Elle est nourrie par le mâle pendant toute cette période. Le poussin est emplumé et quitte le nid au bout de 4 à 6 mois, mais il reste autour du nid pendant encore une année.
Cette espèce se reproduit seulement tous les trois ans.   

La Harpie féroce est sédentaire dans sa distribution depuis le sud du Mexique, l’Amérique Centrale et jusque dans la moitié nord de l’Amérique du Sud.

Cette espèce est considérée comme étant presque menacée. Elle est distribuée de façon éparse et elle est rare dans son vaste habitat. Elle est menacée par la chasse et la déforestation qui la prive de sites de nidification convenables. De plus, le rythme de la reproduction est lent.
Plusieurs programmes de reproduction en captivité sont actifs, afin de réintroduire cette espèce dans un habitat qui lui convient.   

La Harpie huppée (Morphnus guianensis) est plus petite que la précédente avec une longueur de 71-84 cm, une envergure de 135-175 cm, et un poids de 1750 grammes.
Ce rapace existe en deux phases principales. En phase claire, la tête, le cou et la poitrine sont gris pâle ou brunâtres. Les parties supérieures sont brun noirâtre. Le dessous et les couvertures sous-alaires sont blancs, finement barré cannelle. La longue queue est très nettement barrée de blanc et de noir.  
En phase sombre, l’oiseau est semblable mais les parties inférieures sont noires, ou noir avec des barres blanches étroites.
Le bec et la cire sont noirâtres. Les yeux sont brun foncé à gris, parfois jaune clair. Les pattes et les doigts sont d’un jaune plutôt terne.   

Harpie huppée - Phase claire

Morphnus guianensis

John Gerrard Keulemans

La Harpie huppée fréquente les forêts humides des plaines ainsi que les galeries forestières dans la partie sud de la distribution. On trouve cette espèce depuis le Guatemala et le Honduras jusqu’en Colombie, vers le sud jusqu’au Paraguay et au nord-est de l’Argentine. Elle peut être vue entre 600 mètres et probablement 1000 mètres d’altitude en Colombie.

Elle chasse depuis un perchoir où elle reste pendant de longs moments à attendre ses proies. Celles-ci comprennent des serpents arboricoles et terrestres, des rongeurs et des grenouilles  arboricoles, et des oiseaux.
Quelques observations signalement des attaques contre des Agamis trompette (Psophia crepitans), des Coqs de roche oranges (Rupicola rupicola) et des singes.
Ce rapace peut aussi planer au-dessus de la canopée, peut-être pour chasser.  

Les comportements de reproduction sont peu connus, mais cette espèce construit un nid volumineux avec des rameaux de bois, et devient bruyante près du nid.
La femelle dépose deux œufs, mais un seul poussin est élevé. La femelle incube tandis que le mâle la nourrit pendant cette période.  
Un mois après la naissance, les deux adultes nourrissent le poussin. Le mâle crie en arrivant au nid et reste quelques minutes après avoir donné la nourriture. La femelle revient toujours au nid avec de la nourriture ou des matériaux frais.

Harpie huppée - Phase sombre

Morphnus guianensis

John Gerrard Keulemans

La Harpie huppée semble être résidente dans sa distribution.
L’espèce est considérée comme étant presque menacée et rare. Elle est vulnérable à la chasse et à la déforestation. De plus, l’épaisseur de l’habitat ne permet pas d’observer correctement ces oiseaux.

L’Aigle des singes (Pithecophaga jefferyi) est réellement énorme avec une longueur de 86 à 102 cm et un poids variant entre 4700 et 8000 grammes.
Les parties supérieures sont brunes avec des liserés plus clairs, et les parties inférieures et le dessous des ailes sont blanc-crème avec quelques stries fauve clair sur la poitrine et la culotte. La longue queue brune est largement barrée de noir.
Mais le critère particulier de cette espèce est la crête broussailleuse formée par de longues plumes sur la tête et la nuque. Ces plumes sont chamois-crème avec des stries noires.   
Le grand bec est noir avec la cire noir bleuâtre. Les yeux sont bleu-gris. Les pattes et les doigts sont jaunes.

Aigle des singes

Pithecophaga jefferyi

John Gerrard Keulemans

Ce grand aigle se trouve sur les plus grandes îles du nord et de l’est des Philippines où l’espèce est sédentaire et fréquente les forêts primaires et les galeries forestières jusqu’à 2000 mètres d’altitude dans des zones escarpées. On peut aussi le voir dans des bouquets d’arbres, des restes de forêt, dans les zones plus ouvertes. 

Il chasse depuis des perchoirs dans la canopée à l’intérieur de la forêt. Il se déplace de perchoir en perchoir pour atteindre le bas et revient à nouveau vers la cime des arbres pour recommencer.
Les deux partenaires du couple peuvent chasser ensemble. L’un d’eux dérange une troupe de singes tandis que l’autre attaque par derrière. Mais il se nourrit aussi de plusieurs espèces de mammifères arboricoles, de serpents et de lézards, d’oiseaux (calaos, chouettes et buses), et de chauves-souris. Ce rapace énorme est capable d’attaquer des grandes proies.
Il vole vite et avec agilité malgré sa grande taille.  

Pendant la saison de reproduction, des parades aériennes sont observées. Le couple plane au-dessus du territoire et du site du nid, quelques poursuites ont lieu ainsi que la présentation des serres en plein vol. Des cris sonores accompagnent souvent ces parades.  
Le début de la saison voit aussi la construction du nid. Les rapaces portent des matériaux et l’un d’eux reste près du nid. L’accouplement suit et à lieu de façon répétitive sur le site de nidification. 

Aigle des singes

Pithecophaga jefferyi

Henrik Grönvold

Le nid énorme est construit par les deux adultes dans la canopée d’un grand arbre, à une hauteur de 30 mètres au-dessus du sol. La femelle dépose un seul œuf et les deux adultes incubent pendant deux mois. Le poussin blanc et duveteux est nourri et protégé par la femelle tandis que le mâle chasse et rapporte les proies au nid. Le jeune quitte le nid au bout de 23-24 semaines après la naissance, mais il dépend de ses parents pour plus d’une année.
Chez cette espèce, le cycle de reproduction dure deux ans. 

L’Aigle des singes est considéré comme étant en Danger Critique d’Extinction à cause des déclins rapides résultant de la déforestation et de la perte de l’habitat. Mais la chasse, le piégeage et l’usage des pesticides représentent aussi des menaces importantes.
Plusieurs programmes de reproduction en captivité sont actifs afin de réintroduire l’espèce dans un habitat adapté. Des zones protégées ont également été créées pour cet aigle.
L’Aigle des singes est l’oiseau national des Philippines.

L’Aigle de Nouvelle-Guinée (Harpyopsis novaeguineae) est plus petit avec une longueur de 75-90 cm, une envergure de 157 cm pour la femelle et un poids qui varie de 1600 à 2400 grammes.

C’est un grand aigle des forêts. Les parties supérieures sont brunes et légèrement tachetées de chamois clair. La longue queue brune est finement barrée de brun plus foncé, avec une large bande terminale sombre. Les rémiges sont brunes et barrées de brun plus foncé. Les parties inférieures sont blanches avec le haut de la poitrine brun clair. 
La tête et le cou sont brun plus clair, avec une collerette érectile autour du cou et de la face.
Le bec crochu et puissant est couleur corne, avec la cire grise. Les yeux sont bruns. Les longues pattes nues et les doigts sont jaunes.

Cet aigle est sédentaire en Nouvelle-Guinée, Indonésie et Papouasie-Nouvelle-Guinée. Il fréquente les forêts primaires depuis les plaines jusqu’à 3200 mètres d’altitude. On peut aussi le voir dans les galeries forestières et les clairières. Il nidifie en forêt.

Aigle de Nouvelle-Guinée

Harpyopsis novaeguineae

John Gould

Il chasse depuis plusieurs perchoirs dans la canopée de la forêt. Il attend plusieurs minutes et utilise sa collerette de plumes pour mieux capter les sons provoqués par les proies. S’il ne trouve rien, il vole dans la forêt jusqu’à un autre perchoir. Quand la proie est détectée, il fond sur elle, mais il peut aussi la poursuivre en courant si cela s’avère nécessaire, grâce à ses longues pattes nues. Il capture aussi des proies arboricoles en grimpant au milieu des branches, et il les fait sortir en donnant des coups d’ailes ou en bougeant la végétation avec ses pattes. Il utilise aussi ses doigts pour extraire des proies de leurs trous.
Il se nourrit principalement de mammifères terrestres et arboricoles, mais aussi de serpents et de lézards, et d’oiseaux. 

Les comportements nuptiaux et de nidification sont peu connus. Cet aigle nidifie dans un grand arbre à environ 20 mètres au-dessus du sol. Le grand nid est fait de rameaux de bois et utilisé  année après année. Quelques observations parlent d’un seul poussin élevé. 

L’Aigle de Nouvelle-Guinée est considéré comme étant Vulnérable à cause de la perte de l’habitat, de la chasse pour ses plumes utilisées pour des coiffures traditionnelles, et de la compétition avec les chasseurs pour les mammifères dont il se nourrit.
On le trouve dans des réserves et la loi le protège aussi, mais la pression de la chasse continue.

Ces quatre grands aigles sont tous menacés par la perte de leur habitat et la chasse. Dans le futur, nous ne les verrons plus que dans les zoos. Ils sont si majestueux et impressionnants lorsqu’ils chassent ou se déplacent parmi les branches des arbres où ils vivent. La nature a besoin d’eux et nous devons les protéger et les respecter si nous voulons les garder en vie et à l’état sauvage.  

Harpie féroce

Harpia harpyja