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Le torcol fourmilier 
( Jynx torquilla)

Ordre des Piciformes – Famille des Picidés

« Il avance, furtif, dans sa robe d’écailles,
Sondant les alentours en quête de fourmis.
Son plumage cryptique au milieu des broussailles
Le rend presque invisible aux yeux des ennemis. »

C’est ainsi que je l’ai aperçu un beau jour de septembre, furetant dans l’herbe chez le voisin. En route pour sa migration vers le centre de l’Afrique, il a trouvé les lieux accueillants pour attendre la nuit et s’envoler vers ses aires d’hivernage.

Son aspect reptilien n’est plus à démontrer. A mi-chemin entre plumes et écailles, sa livrée couleur d’automne passe inaperçue dans les feuilles mortes et les herbes sèches. Sa façon de louvoyer entre les touffes de végétation fait penser davantage à un serpent qu’à un oiseau. S’il est surpris ou dérangé, au sol ou au nid, il se contorsionne de telle manière que son cou s’étire et se tord à l’extrême, donnant à sa tête aux plumes hérissées une expression étonnée qui nous entraîne involontairement à tourner aussi la nôtre. Ce n’est pas pour rien qu’il est appelé torcol ! Afin de pousser la comparaison un peu plus loin, il associe à ces torsions presque comiques, des sifflements faciles à confondre avec ceux d’un serpent. Il n’en faut pas plus pour décourager d’éventuels prédateurs, croyant avoir affaire à un venimeux adversaire !

Son plumage gris et brun est un formidable camouflage. La partie supérieure de son corps ressemble à s’y méprendre à l’écorce d’un arbre. Il pourrait s’en servir pour passer inaperçu s’il agissait comme les pics, famille à laquelle il appartient.

Mais sa queue grise et plutôt carrée, constituée de plumes souples lui interdisant tout appui, ne lui permet pas de grimper comme eux sur les troncs d’arbres. Il passe d’un arbre à l’autre et inspecte toutes les cavités qu’il trouve en vue de la nidification. Il lui arrive de se poser à la manière des pics, bien collé au tronc par les griffes et appuyé sur la queue, mais il bouge très vite et va s’installer en travers d’une branche, d’une façon plus classique.

Les parties inférieures de son corps sont finement rayées.  Le menton, la gorge, le cou et le haut de la poitrine présentent un fond ocre chamoisé parcouru d’ondulations brun roux, alors que le bas de la poitrine et l’abdomen sont blanc jaunâtre, délicatement tachetés, les dessins allant en s’estompant vers le bas.
Son vol est lent et ondulant, et en dehors des migrations, il se déplace simplement en effectuant de courts trajets d’un arbre à l’autre.  

La tête gris pâle voit naître sur la calotte une ligne sombre se prolongeant jusqu’au milieu du dos où elle s’élargit. Un trait foncé s’étire de l’œil jusqu’aux côtés du cou, séparant ainsi les couleurs. Le bec pointu cache une langue rosâtre et longue de plusieurs centimètres, qu’il enroule d’une façon caractéristique quand il ne cherche pas son mets préféré, les fourmis.

Il utilise alors cette langue collante d’une manière surprenante, saisissant toutes les fourmis se trouvant à sa portée.  Il consomme aussi des insectes et des larves délogés des crevasses de l’écorce où ils se cachent, et sonde les interstices entre les pierres des édifices, extrayant cocons et  larves avec facilité. Il capture aussi beaucoup d’araignées. Sur ses zones d’hivernage en Afrique, il se nourrit essentiellement de fourmis noires.

Sa voix rappelle un peu celle du Pic Epeichette, lançant une sorte de « kei-kei-kei-kei » prolongé et rapide, plus intense à la fin. Chez le torcol fourmilier, mâle et femelle chantent : le mâle avec plus de force et de manière plus aigüe, la femelle sur une tonalité plus basse, avec un débit plus lent en traînant un peu les syllabes. Au contraire des pics, il ne tambourine pas.

Le torcol fourmilier niche dans des cavités naturelles, d’anciens nids abandonnés par d’autres oiseaux ou dans des nichoirs. Le mâle cherche un site de nidification dès son retour d’hivernage, courant avril. Il inspecte tous les creux occupés ou non. Si un nid est déjà préparé, et même s’il y a des œufs ou des nouveau-nés, il éjecte tout ce qui se trouve dans la cavité. Il est habité par une sorte d’instinct destructeur qui le quitte dès que sa propre reproduction est en route. Les espèces visées sont en général les pics épeiches et les piverts, les rouges queues à front blanc, les sittelles, tous ceux qui font des nids dans des cavités ou adoptent des nichoirs. Jamais un torcol ne creusera lui-même son nid. Au mieux, il débarrassera l’entrée de quelques aiguilles de bois pour en faciliter l’accès. 

Quand toutes les possibilités du secteur ont été visitées, et que le territoire est établi, le mâle se met à chanter continuellement. La femelle vient inspecter les cavités vidées, et chante aussi, de façon un peu plus forte que d’habitude, posée sur le bord du futur nid quand un site lui plaît

Lorsque le site est choisi et le couple formé, les oiseaux commencent la parade nuptiale. Pas de vols acrobatiques ni de démonstrations spectaculaires, mais plutôt des mimiques effectuées par les deux partenaires, et davantage par le mâle. Les deux oiseaux se contorsionnent et ondulent, étirant le cou et tournant la tête, donnant l’impression d’un tourniquet sans fin. Ils sont posés l’un en face de l’autre, sur deux branches différentes dans un même arbre, mais proches. C’est alors que le mâle ouvre grand le bec comme pour un bâillement prolongé, tandis qu’il lève et abaisse la tête, ou la « jette » en arrière sur le dos. Il reste ainsi quelques instants, comme endormi, puis, revenant à sa position initiale, il hérisse les plumes du sommet de la tête tout en émettant un doux caquetage, quand même audible à 25 mètres !  

Il faudra encore un mois avant la première ponte, fin mai. Elle se compose de sept à neuf œufs blancs et presque mats. Dès que la femelle commence à incuber, le mâle cesse de chanter. C’est elle qui assure pratiquement toute l’incubation, soit environ 13 jours. Les poussins naissent aidés par la femelle. Un fait curieux a été observé : à ce moment-là, la femelle a le bec rempli d’une sorte de pâte jaunâtre qui déborde par les commissures. Peut-être une substance destinée à les nourrir dès la naissance ?
Elle couve les nouveau-nés pendant les cinq premiers jours, car ils sont nidicoles et complètement dépourvus de duvet. Une semaine plus tard, ils ont grandi, bien nourris par les deux parents qui arrivent au nid le bec chargé de nourriture débordant de chaque côté. Les poussins sont nourris très fréquemment de larves de fourmis, pratiquement toutes les dix minutes. En approchant du nid, les adultes émettent un « tek » court et répété à intervalles réguliers. Les  jeunes s’envolent à l’âge de trois semaines, et quittent rapidement le site du nid, car une seconde couvée sera mise en route, rarement une troisième. 

Le torcol fourmilier se reproduit dans les régions tempérées d’Europe et d’Asie. Il hiverne en Afrique tropicale et dans le Sud de l’Asie. Il est souvent décimé pendant sa période d’hivernage en Afrique où beaucoup d’insecticides sont pulvérisés dans les champs afin d’obtenir de meilleures récoltes, produisant un déséquilibre biologique qui mène à la destruction des parasites, mais aussi à celle des espèces utiles. Peu d’oiseaux de cette espèce dépassent l’âge de trois ans. La majorité des reproducteurs sont des torcols nés l’année précédente.

Mi-serpent mi-oiseau, peu importe ! Le torcol fourmilier a le mérite de se différencier des autres espèces, que ce soit par son aspect ou  ses comportements. J’ai eu la chance de pouvoir l’observer de très près, c’est un oiseau fascinant !  J’espère que vous l’aimerez aussi, et que ces quelques lignes vous donneront envie de découvrir ses mimiques amusantes et son camouflage magnifique !     

Texte et photos de Nicole Bouglouan

D’autres photos : PHOTOGRAPHIC RAMBLE

Sources:

THE HANDBOOK OF BIRD IDENTIFICATION FOR EUROPE AND THE WESTERN PALEARCTIC, by Mark Beaman, Steve Madge - C.Helm - ISBN: 0713639601

THE COMPLETE BOOK OF ENGLISH BIRDS - Préface de Magnus Magnusson - Michael Cady- Rob Hume - ISBN: 0749509112

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