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Texte de Nicole Bouglouan

Photographe :

Simon Tan
PBase Bird galleries

Illustrateur :

John Gerrard Keulemans (1842-1912)

Kiwi de Mantell
Keulemans, John Gerrard, 1842-1912 : Apteryx Mantelli [North Island kiwi] London, 1873. Buller, Walter Lawry (Sir) 1838-1906 : A history of the birds of New Zealand. 1st ed. London, 1873. Ref: PUBL-0134-358. Alexander Turnbull Library, Wellington, New Zealand. http://natlib.govt.nz/records/23031923

Kiwi roa femelle adulte
Keulemans, John Gerrard, 1842-1912 : Apteryx haastii. Potts. [female]. / J. G. Keulemans delt. T. Walter, lith. 1/2 [size]. [1876]. Rowley, George Dawson :Ornithological miscellany. London, Trubner & Co, 1876. Ref: PUBL-0035-1-004. Alexander Turnbull Library, Wellington, New Zealand. http://natlib.govt.nz/records/23105108

Kiwi roa
Keulemans, John Gerrard, 1842-1912: Apteryx haastii.
Right: Adult [male]; Left: juvenile, female. Shows an adult male great spotted kiwi viewed from the side, with a juvenile female, both in an open landscape.

Kiwi d'Owen
Keulemans, John Gerrard, 1842-1912 - Buller's "A History of the Birds of New Zealand, 1st edition. Published 1873.

Sources:

HANDBOOK OF THE BIRDS OF THE WORLD vol 1 by Josep del Hoyo-Andrew Elliot-Jordi Sargatal - Lynx Edicions - ISBN: 8487334105

KNOW YOUR NEW ZEALAND BIRDS by Lynnette Moon - New Holland Publishers – ISBN: 1869660897

L’ENCYCLOPEDIE MONDIALE DES OISEAUX - Dr Christopher M. Perrins -  BORDAS - ISBN: 2040185607

Avibase (Lepage Denis)

BirdLife International (BirdLife International)

New Zealand bird status between 2008 and 2012

New Zealand Birds Online

Department of Conservation

Wikipedia, the free encyclopaedia

Te Ara – The Encyclopedia of New Zealand

New Zealand birds and birding (Narena Olliver)

 

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FAMILLE DES APTERYGIDES

Les kiwis de Nouvelle Zélande

 

Les kiwis de Nouvelle Zélande sont endémiques de ce pays et représentent la plus ancienne famille d’oiseaux de ces îles. Ils  faisaient auparavant partie de l’ordre des Struthioniformes avec l’Emeu et les casoars, mais aujourd’hui, ces oiseaux étonnants que sont les kiwis ont leur propre ordre, les Aptérygiformes.  
Cinq espèces sont reconnues, et toutes sont plus ou moins menacées. Le Kiwi austral (Apteryx australis) est relativement commun, mais il reste vulnérable à plusieurs types de menaces.  

Comme de nombreuses espèces des îles, les kiwis ont souffert de la destruction de leur habitat avec la déforestation massive, d’abord par les Maoris, puis par les Européens. Le remplacement de la végétation d’origine par des plantations d’espèces exotiques et des cultures est malheureusement toujours d’actualité. C’est une menace importante pour ces oiseaux.

Le déclin de la population a été causé par l’introduction de mammifères prédateurs comme les hermines, les belettes, les rats, les chats et les chiens. Les kiwis ne sont pas capables physiquement de se défendre contre ce genre de prédateurs. De plus, le piégeage du Phalanger-renard ou Opossum d’Australie (Trichosurus Vulpecula) avec des appâts empoisonnés a été la cause d’une importante mortalité. Ces pièges sont aujourd’hui régulés.   

Et enfin, le fait de chasser, capturer ou tuer un kiwi pour sa chair et ses plumes a constitué une énorme menace jusqu’à la déclaration « d’absolue protection » de ces oiseaux en 1921. Mais quelques extinctions locales avaient déjà eu lieu.    
Actuellement, des programmes de reproduction en captivité, la protection de l’habitat et la création de réserves pour l’établissement de nouvelles populations sont actifs.
Le kiwi est l’emblème national de la Nouvelle Zélande.  

Kiwi austral

A.a. lawry

Les kiwis ont un corps arrondi en forme de poire, une petite tête et un cou long et fort. Le bas du corps, pelvis, pattes et doigts, est très robuste. Les muscles des pattes sont puissants et les doigts bien développés avec quatre doigts, trois vers l’avant et un doigt postérieur plus petit. Chaque doigt est muni d’une puissante griffe.
En revanche, la partie antérieure du corps est plus faible et peu musclée. Les ailes sont réduites et mesurent juste 4 à 5 centimètres de long. On note la présence d’une griffe au bout de l’aile, mais elle est cachée dans le plumage épais. Les kiwis n’ont pas de rectrices et donc pas de queue.     

Le long bec flexible est légèrement courbé vers le bas, avec les narines placées vers l'extrémité, ce qui donne à ces oiseaux un bon sens de l’odorat. La couleur du bec varie de l’ivoire au rose ou au brunâtre. Le bec du Kiwi austral mesure 20 centimètres de long, et chez toutes les espèces, les femelles ont un bec plus long que les mâles. Lorsqu’ils se tiennent debout, les kiwis utilisent leur bec et leurs pattes comme un tripode tandis que l’extrémité du bec reste sur le sol. Quelques plumes sétiformes se trouvent à la base du bec. Elles ont une fonction tactile. La langue est dure, cornée et pointue. Les petits yeux ne permettent pas une bonne vision des choses, mais les oreilles sont bien ouvertes et l’oiseau peut donc entendre les grands invertébrés se déplacer sur le sol.  

Le plumage ébouriffé et hirsute ressemble à des cheveux. Il est fait de plumes particulières dont la base large est souple alors que l’extrémité est dure et imperméable à l’eau. Mâles et femelles ont une apparence similaire mais les femelles sont plus grandes et plus lourdes que les mâles. Les juvéniles ont en général un plumage plus doux que celui des adultes.          
Ils ont le plumage principalement brun ou gris brun avec des stries plus foncées ou un effet écaillé provoqué par les liserés clairs des plumes.

Kiwi d’Owen
John Gerrard Keulemans (1842-1912)

Le Kiwi d’Owen (Apteryx owenii) est le plus petit avec une longueur de 30 centimètres et un poids de 1150 grammes pour le mâle et 1350 grammes pour la femelle. Il a le plumage plutôt chamois grisâtre avec une légère teinte jaunâtre et des bandes brunâtres irrégulières. Le bec est plus droit, les pattes et les doigts sont clairs, presque blanchâtres comme les griffes. Cette espèce est présente sur plusieurs îles dans le Détroit de Cook.
  
Le Kiwi roa (Apteryx haastii) est plus gris avec une teinte châtain sur le dos. Les dessins semblent plus réguliers avec des taches noires plus grandes et des bandes claires plus fines. Sa longueur est de 40 centimètres et son poids est de 2,2 kg pour le mâle et 3 kg pour la femelle. On le trouve dans les zones les plus montagneuses de la partie nord de Nelson, sur la côte nord-ouest et dans les Alpes du Sud. Quelques oiseaux vivent dans des réserves sur des îles.   

Le Kiwi austral (Apteryx australis) a une longueur de 45 centimètres et un poids de 2,4 kg pour le mâle et 3 kg pour la femelle. Il a le plumage brun-roux sombre avec des stries noires. Il vit dans l’Ile du Sud (Fiordland et Westland) et sur l’Ile Stewart (race lawryi).   

Le Kiwi de Mantell (Apteryx mantelli) était auparavant une sous-espèce du Kiwi austral. Il a le plumage brun foncé avec des stries brun-roux et noires. Il mesure environ 40 centimètres de long et son poids est de 2 kg pour le mâle et 2,7 kg pour la femelle. Il est présent dans plusieurs zones de l’Ile du Nord.  

Le Kiwi d’Okarito (Apteryx rowi) a une longueur de 40 centimètres et un poids de 1,9 kg pour le mâle et de 2,6 kg pour la femelle. Son plumage est brun dans l’ensemble, avec des plumes brun clair striées de brun et de noir. Cette espèce était auparavant une sous-espèce du Kiwi de Mantell et a été reconnue en tant qu’espèce à part entière en 2003. Ce kiwi se trouve dans une zone restreinte de la Forêt d’Okarito, sur la Côte Ouest de l’Ile du Sud. 

Kiwi austral

A.a. lawry

L’habitat préféré des kiwis reste la forêt humide, autrefois très étendue en Nouvelle Zélande. Mais la déforestation a conduit à la destruction de l’habitat d’origine, et ces oiseaux occupent aujourd’hui d’autres types d’habitats comme les broussailles, les zones arbustives, les bordures des herbages, les forêts subtropicales et tempérées. Mais ils peuvent également fréquenter les plantations de pins.
Ils ont besoin d’un climat chaud et d’humidité, ainsi que d’un sol à la texture tendre pour y creuser leur terrier et trouver des proies. Les kiwis sont présent depuis le niveau de la mer dans les zones côtières, jusqu’à 1200 mètres d’altitude dans les régions alpines.

Ces oiseaux ont des habitudes principalement nocturnes, et passent beaucoup de temps dans leur terrier pendant la journée. La sous-espèce du Kiwi austral « A.a. lawry » qui vit sur l’Ile Stewart cherche sa nourriture pendant la journée. Les autres races commencent à être actives au crépuscule. Elles se déplacent dans la végétation dense sur le sol de la forêt mais restent très discrètes.
Lorsqu’ils chassent la nuit, ils parcourent souvent des distances considérables, jusqu’à trois kilomètres en une nuit à travers la végétation dense et sur un sol inégal. Ils nagent bien et peuvent traverser un cours d’eau ou une mare sans difficultés.  

Ils sont omnivores et se nourrissent principalement d’invertébrés comme les verts de terre, les coléoptères, adultes et larves, les larves de phalènes et de mouches, les grands criquets et les araignées trouvés sur et dans le sol. Ils consomment aussi des fruits, des graines et des feuilles, mais en moins grande quantités. En fait, leur régime dépend de la saison et de la disponibilité de la nourriture.

Les proies sont détectées grâce à leur sens de l’odorat et à leur bec sensible. Les kiwis se déplacent lentement sur le sol qu’ils sondent de leur long bec. Il semble aussi que ces oiseaux puissent entendre les grands invertébrés lorsque ceux-ci se déplacent. La victime est capturée avec l’extrémité du bec dans la terre, tandis que le kiwi bouge précautionneusement la tête d’avant en arrière afin de ne pas sectionner la proie.
Les femelles doivent accumuler des réserves de graisse sous-cutanées avant la ponte des gros œufs, et le mâle fait de même avant la longue période d’incubation. De plus, la nourriture est rare pendant la longue période estivale.        

Kiwi roa

Mâle à droite et femelle juvénile à gauche

John Gerrard Keulemans (1842-1912)

Les kiwis vivent en général en couples et demeurent sur le même territoire toute leur vie. Ils sont territoriaux toute l’année, mais plus spécialement pendant la saison de reproduction. Ils crient et chassent tous les intrus. Des disputes peuvent se produire, avec des sauts, des coups de pattes et beaucoup de bruit. Ces oiseaux sont très attachés à leur territoire.

Les mâles voisins font des duels vocaux qui mènent parfois à des comportements agressifs aux limites des territoires. Pendant ces disputes, les combattants soufflent et claquent du bec. Lorsqu’ils se sentent menacés, ils grognent, sifflent et claquent encore du bec. Les deux partenaires font souvent des duos. La formation du couple et l’accouplement sont accompagnés de « purr » haut-perchés.
Comme chez de nombreuses espèces, la fréquence des cris augmente pendant la reproduction. Ils commencent à faire du bruit juste après la tombée de la nuit avec un maximum pendant les premières deux ou trois heures, et de façon plus irrégulière durant le reste de la nuit. Les mâles chantent davantage que les femelles qui ont des cris différents au niveau de la tonalité et du rythme.                

Kiwi d’Owen (Apteryx owenii) - SONS PAR XENO-CANTO

Kiwi roa (Apteryx haastii - SONS PAR XENO-CANTO

Les kiwis sont monogames et leurs liens durent longtemps. D’après quelques observations, les parades nuptiales comprennent des poursuites, des sauts, des sifflements et des grognements émis par les deux partenaires qui se trouvent proches l’un de l’autre. Chez le Kiwi austral et le Kiwi de Mantell, les parades qui précèdent l’accouplement provoquent les cris du mâle auxquels la femelle répond. Ensuite, les deux partenaires se poursuivent en décrivant des cercles. Le Kiwi d’Owen effectue du « bec à bec » avec sa partenaire. Les deux oiseaux sont face à face avec leurs becs croisés et pointés vers le sol. Ils produisent des grognements courts et doux pendant une vingtaine de minutes. 

Kiwi de Mantell
John Gerrard Keulemans (1842-1912)

La saison de reproduction commence au printemps et la ponte a lieu entre août et octobre. Les kiwis font leur nid dans un terrier qu’ils creusent eux-mêmes dans une rive en pente raide, mais aussi dans des cavités naturelles, un creux dans une souche d’arbre ou une crevasse rocheuse. En général, le terrier est creusé plusieurs mois ou même années avant d’être occupé. Pendant cette période, la végétation a le temps de pousser autour de l’entrée qui se trouve ainsi bien cachée.
Environ deux semaines avant la ponte, le mâle apporte des matériaux pour le nid, de la mousse, des lichens et des herbes qu’il dépose dans la chambre d’incubation.
Les œufs sont très grands comparés à la taille de la femelle. Ils représentent quatre fois la taille normale pour un oiseau de cette corpulence. Les œufs du Kiwi austral représentent environ 14/20% du corps de la femelle, alors que chez le Kiwi d’Owen, il faut compter 25% de la taille de la femelle. Avant la ponte, elle doit marcher avec les pattes écartées. Elle dépose un ou deux œufs avec un long intervalle entre les deux de 25-30 jours chez le Kiwi austral, et de 2-3 semaines chez le Kiwi d’Owen. Des couvées de remplacement sont produites à la suite d’un échec de la reproduction. Les kiwis peuvent quelquefois élever deux couvées dans la saison.   

Habituellement, c’est le mâle qui incube, excepté chez le Kiwi roa où les deux parents partagent l’incubation. Chez la race A.a. lawryi de l’Ile Stewart, la femelle aide parfois le mâle, tout comme chez le Kiwi d’Okarito.
Après la ponte du second œuf, la femelle quitte le terrier mais reste aux alentours, souvent dans un terrier voisin. Elle revient au nid dès la naissance des poussins et aide le mâle pour couver. L’incubation est très longue et dure entre 63 et 92 jours selon l’espèce, mais il faut dire que les kiwis ont une température corporelle basse de 38°C, plus semblable à celle d’un mammifère qu’à celle d’un oiseau.  

Kiwi roa femelle
John Gerrard Keulemans (1842-1912)

A la naissance, les poussins cassent la coquille avec leurs pieds parce qu’ils n’ont pas d’onglet sur le bec. Leur corps est entièrement couvert de plumes et ils ressemblent aux adultes. Ils sont nidifuges et peuvent marcher au bout de 5-6 jours. Ils quittent le nid la nuit et sont capables de se nourrir eux-mêmes, gardés de loin par les parents. Ils reviennent au nid souvent après les adultes. Ils sont indépendants environ 14-20 jours après l’éclosion. Ils restent dans le territoire parental pour quelques temps, mais ils ne dorment plus avec leurs parents. Cependant, des observations du Kiwi austral témoignent de l’accompagnement des juvéniles par les parents pendant un à trois ans.    

Lorsque le mâle quitte temporairement le terrier pendant la période d’incubation, il couvre l’entrée de végétation pour la cacher, mais malheureusement, le Râle wéka arrive à les trouver et les mange. De la même manière, les jeunes kiwis qui sortent du nid sont très vulnérables à la prédation par les hermines, les chats et les chiens.               

Le Kiwi austral est considéré comme espèce Vulnérable à cause de sa distribution restreinte et du déclin des populations estimées à 19 900 individus.
Le Kiwi de Mantell est en Danger d’Extinction avec une population en déclin d’environ 25 000 individus.  
Le Kiwi d’Owen est considéré comme Presque Menacé. Cette espèce est confinée sur quelques iles débarrassées des prédateurs et où les populations sont stables. La population globale est estimée 1200 individus avec environ 800 oiseaux matures.
Le Kiwi roa est considéré comme espèce Vulnérable à cause d’un rapide déclin de la population estimée à 5300/5400 individus matures.
Le Kiwi d’Okarito est en danger d’Extinction. Sa population est estimée à 200/249 individus matures. L’augmentation de ces chiffres est due à l’élevage en captivité pour éviter la prédation par les hermines.    

Aujourd’hui, le kiwi est strictement protégé par la loi et il est devenu l’emblème national de la Nouvelle Zélande. De nombreuses mesures de conservation sont en cours avec des zones débarrassées des prédateurs, des programmes d’élevage en captivité, le déplacement d’un certain nombre d’oiseaux vers des réserves et la protection générale des kiwis et de leur habitat.
Les kiwis sont des oiseaux étonnants et étranges dont l’origine est très lointaine et encore incertaine. Ils vivaient dans un environnement sans prédateurs et sans hommes. Les deux sont responsables du déclin de ces espèces. Peut-être qu’un jour prochain, les humains gagneront la bataille contre les dangers qui menacent encore ces oiseaux chargés d’histoire…  

Kiwi austral

A.a. lawry

Caché dans la végétation.

Le bec est visible.