Texte et photos de Nicole Bouglouan
Sources :
GUIDE DES RAPACES DIURNES – Europe, Afrique du Nord et Moyen-Orient de Benny Génsbol – Delachaux et Niestlé – ISBN : 2603013270
En passant par Villafáfila
Seconde partie
Laissant derrière nous le couple de Faucons crécerellettes, nous décidons de visiter le village abandonné au milieu des champs de blé et de coquelicots parsemés de lagunes asséchées. Ce petit village tombe en ruines et plusieurs espèces d’oiseaux, surtout attirés par les multiples cavités, vivent et se reproduisent dans ce chaos.
Mais les premiers êtres vivants rencontrés sont les lapins ! De nombreux jeunes lapins courent le long des murs écroulés et se ruent dans leurs terriers tandis que nous marchons dans les rues du village fantôme.
Leur évidente présence explique les fréquents passages de l’Aigle botté (Hieraaetus pennatus). Ce visiteur est un migrateur qui arrive de ses aires d’hivernage en Afrique subsaharienne. Celui-ci est une forme pâle avec un plumage pratiquement noir et blanc.
Son régime comprend de nombreuses proies différentes telles que reptiles, lézards, insectes, oiseaux et petits mammifères, mais les jeunes lapins et les Perdrix rouges constituent l’essentiel de son alimentation.
Il chasse tout en volant et en plongeant brusquement, ou en volant bas avant de fondre sur une proie, et il lui arrive aussi d’attendre patiemment posé sur un perchoir exposé. Le nôtre est justement posé sur un pylône, cherchant ses proies du regard.
Et ces champs représentent un superbe terrain de chasse avec de de nombreux oiseaux et petits mammifères, reptiles, insectes, lézards…
C’est pour cette raison que le Circaète Jean Le Blanc (Circaetus gallicus) qui est un visiteur d’été, trouve sa nourriture principale sur ces sols riches. Ce rapace est connu pour consommer deux à trois serpents par jour ! Il pratique le vol stationnaire avant de se laisser tomber sur sa proie d’une hauteur de 20 à 30 mètres. Mais il lui arrive aussi de chasser en marchant, capturant le serpent par la nuque pour le tuer. Ses pattes sont couvertes d’écailles afin de le protéger du venin de ses victimes.
Il fréquente les régions sèches, sableuses et rocailleuses, mais il se reproduit plutôt dans les plaines plus humides. Très migrateur, il passe l’hiver en Afrique subsaharienne. C’est un oiseau magnifique en vol, faisant preuve de puissance grâce à ses larges ailes.
Voici un juvénile. Son plumage porte encore de larges plaques de plumes blanches, et on peut voir quelques duvets au sommet de la calotte.
Mais retournons au village abandonné où vivent plusieurs espèces que nous voulons observer. Un couple de Cigognes blanches (Ciconia ciconia) nidifie sur le vieux clocher. On peut voir les deux adultes dans les champs tout proches. Chaque village abrite au moins un couple de ces beaux oiseaux, mais il y en a souvent deux ou trois sur les monuments.
A l’intérieur, sur la petite place, un Moineau soulcie (Petronia petronia) nidifie probablement au fond d’un trou dans un mur en ruines. Celui-ci chante fortement juste au-dessus de ma tête !
Le Rougequeue noir (Phoenicurus ochruros) adopte également les cavités pour se reproduire. Une femelle vient vers nous afin d’indiquer l’occupation du territoire. Elle a ses petits au nid et elle les protège.
Le Grand Corbeau (Corvus corax), le Choucas des tours (Coloeus monedula) et l’Etourneau unicolore (Strunus unicolor) établissent leur nid dans des trous plus larges. Ils préfèrent s’éloigner pour aller se poser sur des pylônes ou sur les ruines.
Finalement, nous quittons ce lieu étrange dont les vestiges témoignent du passé de la région. Les champs découverts sont teintés de rouge grâce aux coquelicots. Plusieurs autres oiseaux nous attendent. Allons donc à leur rencontre!