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Le nettoyeur des champs

Vous le verrez souvent tout au bord de la route
Ramassant les débris et se gavant de riens.
Je pourrais me tromper, mais je crois sans nul doute,
Que s’il n’existait pas, il nous manquerait bien!

Pesamment il sautille, et son corps noir d’ébène
Se faufile aisément derrière le talus.
D’un coup d’aile puissant il s’élève sans peine,
Car les cieux resteront sa vie et son salut.

Figure de statue, il règne sur la plaine
Quand parfois il se pose en haut d’un arbre mort
Apercevant de loin les meilleures aubaines,
Il descend lentement, ménageant son effort. 

Il survole un instant l’attirante charogne,
Afin de s’assurer que personne alentour
Ne vise justement identique besogne,
Et sûr de sa quiétude, il se change en  vautour...

Arrachant des lambeaux de la pauvre carcasse,
Il se nourrit très vite, avalant goulûment.
Il doit se dépêcher car plus tard les rapaces
Réclameront leur part de ce festin gourmand!

Mais ce gros passereau n’est pas bien difficile,
Un grand champ de maïs peut aussi convenir.
C’est alors tout un vol de ces noirs volatiles
Qui s’abat sur la manne offerte à leur désir!

Tels des éclats de jais jetés dans la verdure,
Ils avancent en ligne au gré des longs sillons.
Les hommes n’aiment pas les voir dans leurs cultures,
Et se font prédateurs en vastes rébellions.

Ils s’échappent soudain, croassant à tue-tête,
Sachant que chaque jour les cadavres exquis
Des animaux plus faibles, souffrant de disette,
Seront là pour combler leur énorme appétit.

Leur plumage luisant dans l’aurore naissante
Se couvre de rosée; ils deviennent joyaux,
Perchés deci-delà, sur des branches cassantes.
Bientôt va s’allonger l’ombre des grands oiseaux.

Nicole Bouglouan
 Le 27 Août 1998